C’est officiel ! Depuis le 12 février, la banque allemande N26 quitte le Royaume-Uni. Conséquence du Brexit, la banque estime qu’elle n’a plus la capacité d’exercer ses activités avec sa licence bancaire européenne.
Le retrait du marché britannique est une décision très difficile à prendre pour la direction. N26 quitte le Royaume-Uni à contre coeur. Commercialement, la banque s’est développée très rapidement sur le marché britannique où la banque a gagné près de 1000 clients chaque jour. Mais depuis l’officialisation du Brexit le 31 janvier 2020, la banque N26 n’a pas d’autres choix que d’abandonner ce marché pourtant très lucratif. N26 posséde une licence bancaire obtenue auprès des autorités allemandes, licence qui lui lui permet d’exercer une activité bancaire dans toute l’Union Européenne, mais cette licence bancaire ne sera plus valide en Grande-Bretagne à compter de la fin de la période de transition. La licence actuelle ne lui permettra pas d’exercer une activité en toute légalité. Pour poursuivre son activité sur le sol britannique, la banque aurait été dans l’obligation de demander une licence bancaire auprès de l’organisme FCA (Financial Conduct Authority).
D’après un article du Financial Times, la fermeture de N26 au Royaume-Uni s’accompagne de la fermeture de tous les comptes détenus par des britanniques dans la banque N26 : tous les comptes britanniques seront clôturés à partir du 15 avril 2020. Les clients de la néobanque recevront un avis officiel de résiliation officiel. Les clients devront transférer leurs économies sur un autre compte bancaire, ou bien retirer leurs fonds avant le 15 avril. A partir du 15 avril, le retrait sera toujours possible mais plus compliqué : ils devront se connecter à une page Web pour enregistrer leur demande de retrait.
Cette décision de se retirer du marché britannique intervient seulement 1 an et demi après l’entrée de N26 sur le marché britannique. Il est vrai que le Brexit génère une forte incertitude, dans la mesure où la Grande-Bretagne est toujours en négociation avec les autorités de l’Union Européenne. Il est peu vraisemblable qu’un deal soit officialisé d’ici la fin 2020 au sujet des licences bancaires.
La banque allemande compte près de 5 millions de clients à travers toute l’Union Européenne. La banque allemande souhaite désormais se recentrer sur son marché d’origine : l’Europe continentale où elle poursuit actuellement son développement (la France, l’Italie,…) mais aussi avec des pays dans lesquels la néobanque est encore totalement absente : comme le Portugal, la Pologne, la Suède,.. où les consommateurs locaux sont très demandeurs d’une nouvelle application bancaire. N26 va également poursuivre son développement sur le marché américain (marché de 300 millions de clients potentiels).
L’incertitude liée au Brexit freine les ambitions des néobanques européenes. N26 en a fait les frais.
Le principal concurrent européen de N26 : Revolut, ne semble cependant pas impacté par le Brexit, car comme le souligne la direction de la banque, en cas de “no-deal”, tous les comptes détenus par les européens seront immédiatement transférés sur la filiale européenne de Revolut : Revolut Payments UAB (filiale lituanienne ayant obtenu en 2018 une licence dans toute l’Union Européenne). Revolut aura tout de même l’obligation, après la période de transition du Brexit, de demander une licence bancaire sur le territoire britannique afin d’exercer sur le sol britannique.
A vrai dire, la direction de l’entreprise s’est déjà exprimée sur le sujet, et le directeur est très clair : “Demander une licence bancaire britannique est trop complexe d’un point de vue réglementaire, trop coûteux et totalement incompatible avec la solution technologique actuellement en place”. En effet, l’obtention d’une nouvelle licence bancaire aurait forcé la banque allemande à modifier son produit (ses applications mobiles, ainsi que sa plateforme web), d’où des frais opérationnels importants.
Pour la banque Starling, une autre néobanque britannique solidement implantée outre-manche, la récente levée de fonds de près de 70 millions d’euros, devrait permettre à la banque britannique de poursuivre son développement sur le continent européen. Même si dans le même temps, la direction de l’entreprise a averti ses actionnaires que l’incertitude provoquée par le Brexit a considérablement freiné le développement de la banque à l’international : la banque sera, à compter de la fin de la période de transition, dans l’incapacité d’utiliser sa licence bancaire “passeport” pour proposer des services bancaires aux citoyens de l’Union Européenne.
A suivre donc !